Premier soupir - Enfance profanée
- jean.essomba
- 12 avr. 2023
- 2 min de lecture
Dernière mise à jour : 4 févr.
Il y a fort longtemps, lors d’une promenade dans la forêt de Fontainebleau (région parisienne), j’ai croisé un jeune couple et leur enfant. Comme je le fais toujours, j’ai dit bonjour, et comme cela arrive parfois, la réponse a été un silence assourdissant. Après une dizaine de pas, répondant à un appel mystérieux, je me suis retourné et j’ai alors constaté que le jeune garçon, cinq ans environ, s’était retourné lui aussi et me regardait avec insistance. Avant qu’il ne soit tiré violemment par son père, il m’a souri. Un sourire d’une luminosité que je n’oublierai jamais. Le sourire de l’espoir. Un espoir qui, pour moi, devait survivre sans être profané.
C’est ainsi que j’ai commencé à mettre des mots sur ce que j’ai appelé l’enfance profanée. C'est un ensemble de petits textes que j'ai écrits comme je respire, sans savoir quelle est la qualité de l’air que j’inspire et qu’ensuite j’expire. Avec l'enfance profanée, les expirations sont vite devenues des soupirs, des silences qui trahissent une profonde tristesse et une grande exaspération intérieures. D'autres parmi vous ont sans doute déjà ressenti et exprimé autrement ce que je souhaite partager aujourd'hui...
Pour ne pas vous accabler, je ne pousserai qu'un soupir par semaine.

Mon premier soupir s’intitule « Pourquoi ? »
« Pourquoi ? » n’est pas une question, mais une réponse à celles et ceux qui pourraient être étonné(e)s par la tristesse des textes qui composent L’enfance profanée alors que nous vivons déjà une époque très triste et que pour beaucoup, nous devons d’abord penser à nous, à la tranquillité de notre esprit…
Alors Pourquoi ?
Pourquoi aller puiser seulement des larmes
Dans une source où coulent tant de charmes ?
Pourquoi aller pêcher uniquement la tristesse
Dans une mer qui frétille pourtant d’allégresse ?
Pourquoi se limiter à la douleur de l’enfant
Alors que tant d’adultes souffrent également ?
Pourquoi ?
Parce que tous les adultes ont été des enfants,
Et que trop d’enfants ne seront jamais grands.
Parce que l’enfant qu’on nourrit de haine
Deviendra cet adulte qui tue et enchaîne.
Parce que l’enfant qui, aujourd’hui, nous sourit
Est cette foule qui, demain, aux éclats, rit.
© J. R. Essomba 2023
Auteur du roman Le Chemin des Parias paru chez EJR Éditions
À mercredi prochain, pour mon deuxième soupir...
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